Mec perdu, humour gras

Il s'appele Alexandre, Alex, pas la trentaine. Le RER B est bondé ce soir. Il discute joyeusement avec deux autres passagers, à tel point que je les imagine tout d'abord copains. Je change vite d'avis, le Alex est gai, de caractère sans doute, d'alcool visiblement aussi. Station suivante tout le monde descend, sauf deux jeunes femmes et un homme avec un vélo. Et Alex.
Il nous apostrophe d'un ton enjoué tour à tour, demandant nos prénoms. Le gars au vélo annonce "Etienne"; moi joueur, je dis "Etienne" (mon deuxième prénom, semi-mensonge); et les filles, jouant le jeu, annoncent toutes les deux "Etienna" avec le plus grand sérieux. Et ainsi de suite, lui essayant de deviner nos prénoms sans aucune contrainte de sexe ou d'origine. Un joyeux jeu sans but et sans régle, sans contrainte, sans barrière sociale, sans défi. Juste jouer, adultes s'engageant dans le monde d'un esprit qui dérape et s'étale par terre.