Acide sulfurique

Le dernier roman d'Amélie Nothomb est un délice pour ses zélateurs, les autres n'aimeront sans doute pas. C'est un digne successeur d'Antechrista ou de Stupeur et tremblements (pour le personnage féminin paralisant de beauté) et de Peplum ou des Catalinaires (pour la situation impossible et l'étude des bassesses humaines).
Quel interet trouver à ce scénario complétement tordu, sinon de permettre une situation forte et terrible? C'est une constante chez l'auteur de se focaliser sur les situations, les personnages aux noms improbables, et sur l'écriture, alerte, tellement différente, tellement exastique. Les romans, déjà courts, voient leur cas s'agraver tellement je suis dépendant de cette écriture. Une écriture qui donne envie d'écrire, de raconter ses propres histoires, une écriture qui tient de la cyanocrylate autant que de l'acide.

L'idée du livre est de prendre un show de tv-reality, de le pousser à son paroxysme (un camp de concentration) pour mettre en situation les personnages et le lecteur. La conclusion, reprise dans une interview récente, est que le coupable est le public. Pour reprendre Coluche, "quand on pense qu'il suffirait qu'on cesse d'en acheter pour qu'ils n'en vendent plus"!

Bref j'ai fortement aimé ce livre, dévoré en un peu plus d'une heure trente. Je peux mesurer mes possibilités de bonheur littéraire à la quantité de livres qu'il me reste à lire chez un auteur, et il ne m'en reste que deux chez Amélie Nothomb, Mercure et Biographie de la faim. Heureusement qu'elle maintient son rythme de un livre par an!

édition : merci à Leto2 pour la correction de la citation de Coluche