Les chaines qui libèrent

Il est des conseils qui étonnent quand on les reçoit. Comme "éviter les commentaires dans le code informatique". Pourtant ces chaines, ces contraintes ont un rôle parfois fondamental. Si j'ai l'interdiction de commenter mon code, je vais inventer de nouvelles manières de le rendre plus lisible, plus clair. Meilleur nommage, meilleur design. Le commentaire n'est qu'une béquille, un palliatif qui empêche de voir que l'on peut faire mieux.

J'ai sorti cette expression, des chaines qui libèrent, lors d'un dojo, un moment entre développeurs logiciels de pratique de notre art. Pour le plaisir de pratiquer et pour apprendre à mieux faire, nous refaisons le geste, comme un kata martial. Tour à tour, l'un d'entre nous est au clavier, son travail est visible de tous via un rétroprojecteur, et les autres commentent. Et on avait amené un chronomètre qui rythmait à coup de 10mn le temps de passage de chacun. Cela bride la créativité, elle n'est plus libre, mais forcée de s'exprimer dans le temps imparti. On apprend alors à mieux utiliser ce temps, on évite de prendre le clavier trop longtemps parce que l'on voit bien le problème et comment le résoudre, on se plie à la loi du chronomètre. Et au final, cela amène du rythme dans la séance, cela nous tire un peu les tripes, on ne peut se défiler, on ne peut s'attarder.

L'un des exercices proposé est de développer un algorythme non trivial sans utiliser les structures de controles habituelles que sont les IF, les SWITCH, les boucles (FOR, WHILE), ... nous allons être obligé de casser nos habitudes pour trouver d'autres moyens : héritage objet, design différent. J'ai hâte.
De même je me dis souvent qu'une loterie régulière qui tirerait un "gage" que je m'obligerai à tenir serait une expérience interessante. Un gage au hasard. Changer de magasin. Découvrir une ville que je ne connais pas. Un sport que je n'ai jamais pratiqué. Une personne que je croise sans jamais lui porter attention. Une habitude qui me semble étrange.

Cherchons les chaines qui nous libèrent, qui nous forcent à briser les chaines de l'habitude, du confort quotidien, de l'inefficacité paresseuse.