In the beginning was the command line
- 17/05/2011
Avis://
In the beginning was the command lineJ'ai enfin pris le temps de lire l'essai de Neal Stephenson, bibliquement nommé In The Beginning Was The Command Line. Il est passablement long, mais l'auteur est un écrivain, il l'a truffé d'anecdotes personnelles ou "historiques", et reste très facile à lire. Le but de l'essai est de vulgariser l'état de l'informatique, son évolution, ses enjeux, sa réalité, le tout centré sur les systèmes d'exploitation et l'usage que chacun en fait. Le texte me semble très lisible pour un non informaticien, et c'est la population cible : le but est bien de faire prendre conscience des enjeux très importants qui se jouent derrière la démocratisation de l'informatique. Notez que le texte date de 1999, donc les références technologiques sont un peu datées, mais l'analyse reste tout à fait pertinente, ce qui dans ce domaine à évolution en apparence rapide force l'admiration.
Son principal propos est de faire prendre conscience du marché des OS, notamment de la domination de Microsoft qui s'appuie non pas sur une excellence technique, mais sur la croyance de cette excellence dans une population qui n'a pas les connaissances pour en juger. La métaphore des voitures ("si chaque OS était une voiture, untel serait...") est proprement hilarante pour moi, et a le mérite de transcender la complexité informatique pour expliciter le propos : Microsoft vend ses systèmes à grand renfort de publicité, et on achète Microsoft parce que tout le monde fait ainsi; une petite élite de zélotes d'Apple méprisent "tout le monde", et friment avec leurs machines stylées; les libristes construisent des systèmes plus fiables, plus stables, un peu plus "bruts" aussi (ce dernier point est moins vrai aujourd'hui), et les donnent gratuitement. Evidemment l'auteur a une préférence pour la marge libre, ou par les expérimentations géniales comme BeOS.
Le but est vraiment de comprendre que les vendeurs d'OS font des choix à notre place, et que ces choix influencent largement ce que l'on peut faire avec nos ordinateurs. Cette réflexion prend d'autant plus de sens aujourd'hui avec les DRM, les systèmes de sécurités qui brident les utilisateurs dans le but de limiter les infractions à la propriété intellectuelle, ou simplement le plus souvent des utilisations non prévues à l'origine. Maintenant que l'informatique forme un monde parallèle au monde réel, dans lequel beaucoup de choses se jouent, de nos créations personnelles (écrits, photos de vacances, code logiciel, arts graphiques, ...) au fonctionnement même de l'économie et de la bourse en passant par la diffusion de l'information, il est plus que jamais important que chaque utilisateur de l'outil informatique soit conscient des contraintes que certains lui vendent sans rien expliquer. Changer d'OS est une chose, un pas important; être conscient des limitations et commencer à préparer un éventuel déménagement en réduisant sa dépendance permet déjà d'être un peu plus libre. Et ce n'est pas un problème de connaissances techniques.
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